C’est le printemps à Boston. Le temps a passé, il y aura bientôt un an que Larry est parti. Dans sa vie, Ally a connu de grands bouleversements. Elle a emménagé dans une nouvelle maison qu'elle a achetée. Il y a eu le départ de Renée, les aveux de John. Mais la plus grande surprise a été la découverte de l'existence de Maddie, sa fille génétique qui vit maintenant avec elle. Il y a aussi des nouveautés au Cabinet Fish et Cage : Ling est devenue Juge, Coretta, l’assistante de Larry et Raymond ont été engagés. Et puis surtout John a décidé de s'éloigner un peu et Richard a proposé à Ally de devenir Associée de …Cage-Fish et Mac Beal Ally sort avec Victor, un artisan qu’elle a connu en faisant faire des travaux dans sa nouvelle maison et qui l'a beaucoup aidé. Sa vie a repris, a continué.
Un matin, Ally marche, tête baissée, vers son bureau, quand elle se heurte à une jeune femme blonde. Elles s’excusent toutes les deux et se reconnaissent. Ally fait " Aaaah," en ouvrant la bouche. Elle a instantanément la vision d’une table chez un glacier et de Larry lui présentant Helena, son ex-femme. -" Ally ?" interroge-t-elle, avec un charmant sourire. -" He… He… Helena…, " bredouille Ally beaucoup plus désagréable.
" Quelle surprise… c’est vrai que la dernière fois…, " s’amuse Helena en hochant la tête. Ally se sent mal à l’aise, même si l'attitude d’Helena est aimable. - " Vous allez bien ?" demande-t-elle, en ignorant la visible froideur d’Ally. -" Très bien, très bien, merci, " marmonne Ally, pressée d'en finir. " Je dois y aller." -" Bien sûr, au revoir Ally. " Ally s’empresse de partir en lâchant un vague salut. Helena l'observe disparaître dans la foule. Ally s’est arrêté de marcher pour reprendre ses esprits. Elle secoue la tête pour écarter ses souvenirs. Elle ferme les yeux, lutte pour ne pas se rappeler ce moment où Helena est entrée dans sa vie et a précipité sa rupture avec Larry.
Plus tard chez Gage-Fish et Mac Beal. Ally est à son bureau, penchée sur un dossier. On frappe. -" Je peux entrer ?" Ally relève la tête, stupéfaite. -" Heu, Helena !!! Mais que faites-vous là, vous avez besoin d’un avocat ?" -" Je voudrais vous parler, je peux entrer ?" Helena semble parfaitement calme ce qui contraste totalement avec l’agitation qui a saisi Ally. Ally bafouille : " Non,… oui. " Elle se ressaisit. -" Helena, je suis très occupée…," elle agite les mains, "… je ne vois pas de quoi nous aurions à parler." -" Oh, si Ally. Il y a longtemps que je désire vous rencontrer. Puis-je m’asseoir ?" demande Helena, mesurant le trouble grandissant qui envahit Ally. Sans attendre sa réponse, Helena s’assied tranquillement en face d’elle. -" Voilà, j’ai toujours souhaité que vous sachiez ce qui s’était vraiment passé… l’an dernier. " Ally sent une angoisse l'envahir, elle a compris qu’Helena est là pour lui parler de Larry et elle prend peur. Elle tente de se maîtriser. -" Helena, je ne veux pas. C'est le passé, il n’y a plus rien à dire." Sa voix est presque suppliante. Helena s’enfonce dans le fauteuil, croise les jambes, la fixe droit dans les yeux. -" Ally, saviez-vous qu’il allait vous demander en mariage ?" La phrase est tombée d’un coup et a saisi Ally qui bondit : " Quoi !!!" -" Oui, Ally. Il vous avait invité au restaurant, la bague était dans le gâteau…" Ally revoit clairement le regard inquiet de Larry accroché à ses lèvres ce soir-là. -"… seulement le serveur s’est trompé de table, et l’a envoyé ailleurs." Helena secoue la tête, rieuse. " C’est ce qu’il me racontait quand vous êtes arrivée et... " -"… et la crème glacée… " termine Ally, embarrassée. Sa surprise est telle qu’elle a peur de tomber et s’accroche à son bureau. Helena l’observe et poursuit : -" Il était désespéré par ce fiasco. Il a vu ça comme un mauvais présage. J’ai essayé de le convaincre que c’était ridicule, qu’il fallait en rire et tout vous raconter quand…" -"… je suis arrivée… " murmure Ally, comme pour elle même. -" Oui, vous vous êtes méprise sur ce déjeuner, et tout s'est effondré. " Helena s’est tue. Ally se rassied lentement, se gratte le menton. -" Et pourquoi ne m’a-t-il rien dit ?" -" Je n'ai jamais compris ce qui s'est passé. Il a paniqué. Il a eu l’impression que tout était contre lui, l’échec de sa demande, vous qui nous surpreniez. Il pensait que vous ne lui faisiez pas confiance. Il n’a pas supporté que vous doutiez de lui." Ally est incapable de prononcer une parole. -" Je me suis toujours considérée comme un peu responsable, Ally. Si vous ne nous aviez pas surpris chez le glacier, sans doute aurait-il rattrapé cette méprise. Mais après, tout a été très vite, tout s’est écroulé. Il s'est cru incapable de vous rendre heureuse." Ally sort de son silence : -" Mais c’est fou, on ne brise pas tout pour une erreur stupide. Il ne tenait pas à moi. S’il avait tenu à moi, il ne serait pas parti pour ça !" Helena s’est levée. -" Oh si, Ally, il tenait à vous plus que tout au monde, mais il a eu le sentiment de vous avoir déçu. Il ne l'a pas supporté, il a pris peur. " Elle se dirige vers la porte et s’inquiète avec gentillesse : " ça va aller, Ally ? " Ally se raidit. "Mais bien sûr, bien sûr. " Elles restent silencieuses un instant. La main sur la poignée, Helena ajoute : -" Je suis tellement soulagée que vous sachiez. " Elle a refermé la porte. Ally se lève, comme une automate, comme sortie d’un cauchemar, les yeux arrondis. Elle s’appuie contre le mur et commence à se frapper la tête en cadence pour ne plus penser à ce qu’elle vient d’apprendre. Soudain elle s’arrête, sort en trombe et se dirige vers le bureau de Coretta où elle entre sans même frapper. -" Vous saviez ?" Coretta lève le nez de son travail. " Je savais ? Je savais quoi ?" -" La bague, le gâteau, le serveur !!!" bredouille Ally de plus en plus énervée. Coretta comprend de quoi il est question. Ally s’est laissé tomber dans un fauteuil. -" Je viens d’avoir la visite d’Helena, elle m’a tout raconté. " Coretta vient s’asseoir à côté d’Ally. " ça va ? " -" Bien sûr, pourquoi ça n’irait pas ! " s’emporte-t-elle. -" Il était si désespéré de cette confusion, si malheureux, Ally. Il avait l’impression que c’était… " -"… mais on ne gâche pas tout à cause d’un stupide serveur !" s’emporte Ally, en secouant la tête. -" Oui, bien sur, c’est ce que nous lui avons dit, mais… après la crème glacée, il a perdu confiance en lui-même. " -" Oh, ne me parlez plus de crème glacée, " s’énerve Ally. Coretta sourit, " Il vous aimait Ally. " -" Non, non son amour n’était pas plus fort que ces histoires stupides. S’il m’avait vraiment aimé, il ne serait pas parti sous ce prétexte. " Coretta soupire. " Il n’était plus lui-même, il a reculé, il a été emporté dans un sentiment d’échec." Elle avoue à Ally, un peu embarrassée. -" Vous savez la bague dans le gâteau, c’était mon idée… je trouvais cela… romantique. " Ally s’est levée d’un bond et menace Coretta " Félicitations, vous avez gâché ma vie avec votre stupide invention !" Elle quitte le bureau, furieuse. Elle fait trois pas puis s’arrête, hésite, ouvre de nouveau la porte de Coretta et passe la tête timidement. Coretta relève la tête vers elle : " Oui ?" Ally a du mal à s'exprimer, elle s’éclaircit la voix : -" Et… vous avez de ses nouvelles ?" -" Oui, nous nous téléphonons de temps en temps." -" Aaah… " Ally tourne une mèche de cheveux entre ses doigts, avale sa salive. -" Et… il vous parle… de… moi ? " Coretta lui sourit. " Bien sûr, Ally, toujours. Il demande toujours de vos nouvelles. Pas une seule fois où il n’ait parlé de vous." Ally soupire : " Et… il va… bien ? " -" Il va, " répond Coretta, évasivement. Ally hoche la tête et sort pensive. Devant sa fenêtre, Ally réfléchit son poing serré contre son menton. Elle revoit les bons moments (leur première rencontre chez Tracy, lui avec son nez rouge, lui hilare) mais aussi les mauvais (avouant qu’il a embrassé Jamie, je laisserai un mot, le déjeuner avec Helena, j’ai échoué). Elle secoue énergiquement la tête pour s’empêcher de réfléchir, mais, dans son esprit, revient le visage de Larry s’approchant du sien pour leur premier baiser. Elle ouvre des yeux effrayés. Ally a décidé de quitter le cabinet plus tôt que prévu et de rentrer chez elle. Elle se sent désorientée et bizarre. Ce qui vient de se passer a été si surprenant, la rencontre avec Helena, ses révélations l’ont profondément perturbée. Elle a hâte de retrouver Maddie, sa maison. Elle est allée chercher sa fille et lui a consacré l'après-midi. Être avec elle lui a permis d'oublier ce qui venait d'arriver, de ne plus y penser. Quand Victor est venu, elle s'est sentie soulagée de sa présence, rassurée, en sécurité avec lui. Il l'embrasse, " hi, babe " et s'inquiète : "Fatiguée ?" Elle hoche la tête, se blottit contre lui, comme si elle recherchait sa protection, comme si ses bras pouvaient la protéger de ce soudain retour du passé. Ally a un rendez-vous, elle s’y rend, radieuse. En fait, elle vole dans la rue, elle se précipite dans les bras d’un homme dont elle ne voit pas le visage, ils s’embrassent éperdument. Dans son baiser, Ally ouvre les yeux sur …LARRY ! Elle s’est relevée d’un bond dans son lit. Elle cherche à reprendre sa respiration et passe lentement un doigt sur ses lèvres, saisie par l’intensité de son rêve, se rallonge dans le noir, les yeux grands ouverts.
Richard et Ally sont aux lavabos. -" Tout va bien, Ally ?" questionne-t-il, en se lavant les mains. -" Oui, " assure-t-elle avec lassitude. -" Tu en es sure ? Tu es étrange. Tu sembles préoccupée, nerveuse. Tu as des problèmes ?" Ally se regarde dans la glace, se retourne, s’appuie contre le rebord du lavabo et lâche : -" Il voulait me demander en mariage." Richard est ahuri. " Quoi ? Victor VEUT t’épouser !" -" Mais non, " s’impatiente Ally, " pas Victor, Larry !!!" Il s'étrangle : " Larry !!!" -" Oui mais le serveur s’est trompé, je l’ai couvert de glace et il est parti." Les mots s’embrouillent dans la bouche d'une Ally de plus en plus excitée. Richard tord la bouche : " Qu’est ce que c’est que cette histoire ?" -" La vérité, Richard, j'ai vu son ex-femme, elle m’a tout raconté. " Il reste la bouche ouverte, " ça alors ! Et ?" -" Et rien." Elle se crispe, puis ses épaules tombent. Elle finit par reconnaître, désolée : -" Je ne pense plus qu’à lui… Je ne le veux pas, c'est affreux… mais je ne pense plus qu’à lui." Richard lui tapote gentiment l'épaule. -" Il est parti, il t’a quitté. C'était il y a un an, Ally. C’est fini. Tu sors avec Victor maintenant…"Elle se redresse. -" Tu as bien raison." Elle secoue ses mains, rejette ses cheveux en arrière. " Tout cela c'est fini, c'est vrai. Ne te fais pas de soucis, " affirme-t-elle avec autorité et s’en va. Richard la regarde sortir, perplexe et embarrassé. Un soir chez Ally. Victor et Ally sont assis sur le canapé. Il parle. Ally est visiblement plongée dans ses pensées, absente. -" Ally, tu m’écoutes ?" interroge-t-il, un peu excédé. Elle a sursauté comme s’il la sortait d’un rêve, " oui, bien sur " prétend-elle sans conviction. -" Ally, que se passe-t-il, depuis quelque temps, tu es soucieuse…" Elle ne répond rien, comme prise au piège, -"…ça ne va pas ? Je vois bien qu'il y a quelque chose qui cloche en ce moment." Elle s'adosse au canapé, examine ses doigts, avale sa salive, hésite encore un moment. -" J’ai eu…des nouvelles de…Larry. " Elle a eu du mal à prononcer son prénom. Victor remue la tête. " Aaah, et alors ???" -" Ben…, ça m’a fait quelque chose, c’est tout. Ça m'a juste un peu… , tu comprends, mais ce n’est rien, ça va passer." Pour le rassurer, mais aussi pour s'en persuader, elle pose sa tête sur son épaule, il l’entoure de son bras. Mais les yeux d’Ally restent dans le vague.
Au tribunal, Ally et Coretta défendent un client prénommé Henry. Pendant toute l’audience, Ally a du mal à se concentrer et surtout dès qu’elle prend la parole, elle ne peut s’empêcher de l’appeler Larry au lieu d’Henry. Le client furieux s’énerve " non, Henry ", le juge rectifie, irrité " non, Henry " et plus ils le font, plus Ally s'emmêle entre les Larry-Henri. Coretta est intriguée. Ally se cache le visage dans ses cheveux, complètement paniquée. -" Mais qu’est ce qui se passe ?" s'inquiète Coretta quand elles quittent la salle. " Vous voulez qu'on en discute ?" Ally lui jette un regard féroce. -" Il n’y a rien à dire, rien du tout. Occupez vous de vos affaires, Coretta. " -" D'accord, " admet Coretta très intéressée cependant…La première fois, c'est arrivé au bar, un soir. Quand Ally a tourné les yeux vers une table au fond, elle a VU Larry bavardant avec d'autres. Elle s'affole, secoue la tête en ouvrant la bouche. Tellement impressionnée que Richard s'inquiète si tout va bien. -" Euh…." Avant qu'elle ait le temps de répondre, le jeune homme a repris son apparence réelle. Ally comprend qu'elle hallucine sur Larry, comme quand il était parti à Détroit. Elle se met à le voir partout, dans la rue, au bureau, au restaurant. Elle est terrifiée par ces visions qu'elle ne peut plus contrôler, qui révèlent si clairement le retour de Larry dans ses pensées. Elle fait tout ce qu'elle peut pour les écarter, mais n'y parvient pas.
Un matin, au petit-déjeuner chez Ally. Victor discute avec Maddie de son prochain voyage, puisque Maddie doit partir passer quelque temps avec sa tante. Ally ne les entend pas, complètement en dehors de la conversation. Elle se sent mal à l'aise car, encore une fois, elle a rêvé de Larry et le souvenir de ce rêve la hante. Victor, remarquant sa mine renfrognée, s'inquiète : " Mauvaise nuit ?" Ally est surprise dans ses pensées.-" Non, non. Peux-tu me passer le lait, s'il te plaît, LarR… " Ils ont tous les trois sursautés, Ally s'est arrêtée d'un coup, affolée. -" Victor, elle t'a appelé Larry !!!" s'esclaffe Maddie en gloussant. Ally réagit vivement et soutient avec la plus totale mauvaise foi : -" C'est ridicule, tais-toi, Maddie !" -" Mais c'est vrai !" réplique la fillette qui continue en chantonnant, " Elle t'a appelé Larry, elle t'appelé Larry, elle t'a appelé... " Victor lui reste silencieux et dévisage Ally, embarrassé. -" Ça suffit !" crie Ally, très en colère, " Tu t'arrêtes tout de suite ! Va dans ta chambre te préparer pour l'école !" Maddie quitte la pièce en ricanant : " Elle l'a appelé Larry… " -" Tu n'as pas besoin de crier sur elle…, " intervient Victor, mécontent, " ce n'est pas de sa faute. " -" Ah, bien sûr, avec toi elle a toujours raison, n'est ce pas ! Laisse-moi tranquille." Victor perd lui aussi son calme. " Ouais, c'est ça, je te laisse." Il attrape sa veste et part en claquant la porte Ally est restée seule dans la cuisine, elle se lève, commence à ranger, s'arrête. Respire lourdement. Désemparée. C’est l’anniversaire d’Ally. Devant son miroir, elle évalue la date de son premier lifting. Elle songe au temps qui passe, à son horloge biologique qui tourne, à tout ce qu'elle désirait qui ne s'est pas réalisé. Bien sûr, maintenant, dans sa vie, il y a Maddie, et la pensée de sa fille la rassure. Mais elle, Ally, où en est-elle ? Le téléphone sonne. Personne. S’étonnant du silence persistant, Ally finit par raccrocher. Elle traîne chez elle en revoyant ses précédents anniversaires et chasse la vision de Larry et Sting chantant pour elle l’an dernier. Elle arrive au Cabinet. Avec un air mystérieux, Elaine lui tend un gigantesque bouquet blanc et rose. Étonnée, mais éblouie de sa beauté, Ally l'emporte tout en accélérant le pas vers son bureau pour se débarrasser d'Elaine et l'empêcher de lire, par-dessus son épaule, le mot glissé dans l'enveloppe. Elle s'est immobilisée d'un coup. Sur la carte est écrit : " I’ll be watching you, Happy Birthday Ally Mac Beal"…
Elaine, Coretta et Raymond s'extasient sur les fleurs. -" Ça, il faut reconnaître que Victor a gâté Ally, " apprécie Elaine. Coretta hoche la tête d’un air entendu, un drôle de sourire aux lèvres. Juste à cet instant, Victor sort de l’ascenseur, un bouquet à la main. Elaine tord le nez et comprend son erreur. Richard suit Victor du regard et siffle sarcastique : -" Hou là, lui, il arrive deuxième et avec un bouquet ridiculement petit. " En entrant dans son bureau, Victor découvre Ally, songeuse, comme berçant cette énorme gerbe dans ses bras. Surprise, elle lâche le bouquet qui tombe par terre. -" Hum, " grommelle Victor en le ramassant, " Qu'est ce que c'est ???" Devant l'air égaré d'Ally, il fronce la bouche et questionne : " Larry ???" Elle approuve de la tête. Il lui tend son petit bouquet en ajoutant amèrement : " Sûr, je ne peux pas lutter. " -" Ne soit pas stupide, Victor ce n’est pas une question de taille." -" Ah non, Ally ce n’est pas une question de taille. Mais que suis-je supposé penser ? Peux-tu me dire ce qui se passe, vraiment ?" -" Mais rien, " assure Ally, gênée, en frottant son sourcil. -" RIEN ! Le grand Larry Paul est de retour et il ne se passe RIEN ! Oh, Ally, mais regardes-toi, regarde dans quel état tu es !" Il élève la voix. Ally reste les yeux baissés sur son bureau. -" N'en fais pas un drame ! Il a pensé à mon anniversaire, c'est tout. Ce n'est rien." Elle murmure cela, sans en être certaine elle-même. - " Quoi ? Comment peux-tu affirmer cela Ally. IL est entre nous, " crie-t-il en sa direction. -" Ne crie pas !" supplie-t-elle en cachant son visage dans ses mains. -" Je crie si je veux, Ally ! Je crie parce que tu es absente même quand tu es avec moi. Je crie parce que tu m'appelles par SON prénom. Je crie parce que tu es obsédée par SON souvenir et que tu continues de prétendre que ça ne te fait rien !" Il tourne le dos et quitte la pièce sans même la regarder. Ally relève la tête le voit franchir la porte et soupire, " Bon anniversaire ", alors qu'une larme coule sur sa joue.
Dehors, Victor se précipite vers l’ascenseur et presse le bouton avec rage, Elaine désolée, fait semblant de s’affairer. Coretta, qui a observé la scène, retourne dans son bureau, consulte son agenda et compose un numéro de téléphone.
Restée seule, Ally constate le désastre. Parce que c’est son anniversaire, que son petit ami est en colère et qu’elle se sent perdue. Son père téléphone. Dans un sanglot, Ally lui raconte qu’elle devient vieille, qu'elle s'est disputée avec Victor et que… que … Larry lui a envoyé un bouquet. Énorme et magnifique. -" Larry !!!" s’étrangle son père, " hum, ma fille que dirais-tu de déjeuner avec moi ?"
Ally et son père reviennent de déjeuner. Il lui a redonné le sourire. -" Tu sais la vie apporte des surprises. Attends de voir ce qui va se passer. On croit que tout est fini, et puis… Tu verras bien. C’est long et compliqué une vie. Il faut savoir être indulgent quelquefois. Je te fais confiance, ma fille. " Il entoure Ally de ses bras et l’embrasse tendrement.
Richard la rejoint dans son bureau et siffle en admirant les fleurs. -" Il ne s’est pas moqué de toi, celui-là !" apprécie-t-il d'un air innocent et rusé. Ally grogne et ne répond pas. -" On compte sur toi ce soir, Ally. " -" Je ne suis pas sure de venir, cette journée est un véritable fiasco, Richard. Je suis trop vieille pour faire la fête. Et puis, Victor est en colère. Et puis…, " ajoute-t-elle en pointant le bouquet avec son menton. Richard devient sérieux. -" C'est Larry ??? Qu’est ce qui se passe, Ally ?" -" Mais rien… Il s'est souvenu de mon anniversaire. Il m’a envoyé des fleurs, c'est tout. Je ne sais même pas ce que cela signifie. Il a pensé à moi, et alors ?" De ses doigts, elle repousse ses cheveux, " Ne t’inquiète pas Richard, ça va aller." Richard quitte le bureau, sceptique. Le téléphone sonne, " Allo ?" Ally s'impatiente, " Allo ? Allo ???" -" Bon anniversaire Ally Mac Beal. " -" Larry !" gémit-elle dans un souffle. Elle s'étouffe, tousse, totalement bouleversée par cette voix qu’elle n’a pas entendue depuis un an. Cette voix qu’elle a rêvée d’entendre si souvent, cette voix qu’elle a attendue et qui respire dans son oreille. -" ça va ?" demande-t-il, doucement, comme il le faisait toujours. -" Bien sûr, que ça va, " répond-elle en essayant de reprendre son calme. -" Bien alors, " murmure-t-il. Cette douceur la transperce et tout son corps se met à trembler. Elle se secoue pour refouler son émotion. -" Merci pour les fleurs, elles sont vraiment très belles… ...Ça a été un vrai choc ! Si c'est ce que tu voulais, c'est réussi !" lance-t-elle, ironique, pour meubler le silence. Il rit. Le rire de Larry, réalise-t-elle, en s’accrochant à son combiné. Ils restent silencieux. -" Je voulais simplement être sûr que tu allais bien, " ajoute-t-il avec la même tendresse. Ally est intriguée par d’étranges bruits de fond, derrière. -" Bon. Je te souhaite plein de bonnes choses. " Encore un silence et toujours ces drôles de bruits derrière. -" Oh… Je dois y aller maintenant. Au revoir, Ally. " Il a raccroché sans qu’elle ait pu rien ajouter. " Y aller ?" Aller où ? Au bar, la fête est morose. Tout le monde est un peu mélancolique et se force à paraître gai. Seule Coretta garde un air enjoué, tout en surveillant discrètement sa montre. Bien sûr, Elaine a chanté, seule puis en duo avec Raymond. Ally s’ennuie et s’agite sur sa chaise. Encore une année où elle se sent déprimée et incertaine, assaillie de questions auxquelles elle ne sait pas répondre. Elle regrette tellement que Maddie ne soit pas auprès d'elle ce soir et que John n'ait pu rentrer à temps, retenu en dehors de Boston par une affaire. Et puis Victor n’a pas réapparu depuis le matin. Les évènements de cette journée ont été un tel choc : ces fleurs, ce mot et, tout à l'heure, sa voix au téléphone. Elle n'a pas halluciné cette fois, Larry a, volontairement, tenu à marquer cette date. Pourquoi ? Elle ignore ce qu'elle doit conclure de cette présence de Larry et du sens qu'elle doit lui donner. A-t-il simplement pensé à son anniversaire ou y a-t-il d'autres intentions derrière tout cela. Elle ne sait plus où elle en est, totalement désemparée et angoissée. Elle préférerait se réfugier chez elle. Vonda est au piano, Ally l’écoute distraitement. Tout d'un coup, elle sursaute, stupéfaite, en reconnaissant les premières notes… de … …Chances ARE... Effarée, elle se demande quelle idée a poussé Vonda à chanter cette chanson. Justement celle-là, SA chanson, leur chanson ! Elle ne comprend plus rien. En entendant ces mots qu'il a écrits pour elle, elle ne peut s'empêcher de revoir Larry, le visage de Larry, le regard de Larry, le sourire de Larry. Elle a baissé la tête dans ses cheveux, bouleversée, au bord du malaise. Elle voudrait fuir.
Soudain, c'est comme si la terre s'ouvrait. Une autre voix a repris à la suite de Vonda: "I remember clearly how you look the night we meet..."
Toute la table s’est immobilisée d’un coup en reconnaissant cette voix. Sur la scène, ils découvrent LARRY qui s'est assis près de Vonda, au piano et qui l'accompagne. Elaine ouvre des yeux ronds de surprise, Nelle a crié " oh, mon dieu " et Richard en a craché son cocktail. Coretta baisse la tête et sourit doucement. Ils se retournent, embarrassés, vers Ally. Elle s’est dressée d’un bond quand elle a reconnu SA voix. Quasi effrayée, elle fixe presque douloureusement Larry qui chante. Elle s’est raidie, pétrifiée, serrant ses bras contre son corps, comme si elle craignait de tomber. Elle presse désespérément ses lèvres pour contenir leur tremblement. Elle le fixe si intensément que sa vue se trouble et pourtant Larry est là, devant elle qui chante avec Vonda. Elle a l'impression que ses jambes ne la portent plus, qu'elle ne peut plus respirer, que son cœur va défaillir. Il chante ses yeux rivés au piano, sans oser la regarder. Puis il lève un instant les yeux vers elle, l'aperçoit, revient au piano et n’en pouvant plus, se plonge dans le visage chaviré d’Ally, avec un air intimidé et grave. Derrière, dans l’ombre, Victor découvre la scène, ses yeux vont de l’un à l’autre, du regard tétanisé d’Ally à celui éperdu de Larry. Il quitte le bar. Vonda s'est tue, elle laisse Larry chanter, seul, les dernières phrases : "You’re the only one, I can't forget Baby, you're the best I've ever met" Il a mis toute son âme dans ces mots comme si sa vie entière en dépendait.
La chanson finie, dans un silence total, Larry se dirige vers Ally et murmure : -" Happy B irthday, Ally Mac Beal, " en baissant les yeux pour éviter son regard. Elle n’a pas bougé. -" Trois fois dans la même journée ! Vous vous répétez, Monsieur Paul. Quel manque d’imagination !" laisse-t-elle tomber d’un ton cassant. -" Non, quatre, " corrige Larry avec une moue, " mais ce matin, je n’ai pas osé te parler." Droite et glaciale, Ally tourne le dos et sort du bar. Dans la rue, Larry poursuit Ally et la rattrape par le bras, elle le repousse violemment. Il se recule " ok, ok" en levant les mains et les yeux au ciel. Il n’a même pas le temps d'ouvrir la bouche qu’elle attaque, déchaînée : -" Alors comme cela tu es fier de toi, fier de ta petite surprise ? Tu comptes apparaître en invité d'honneur à tous mes anniversaires ???" -" Désolé, mais Sting n’était pas libre ce soir, il t'envoie ses vœux, " risposte-t-il, faussement naïf. -" Ah, ah, très drôle !" lui réplique-t-elle, en roulant des yeux. " Mais qu’est ce que tu fais ici, Larry, tu es simplement venu me chanter "Happy Birthday "? Quand repars-tu à Détroit ?" Il incline la tête de côté. -" Je… je ne repars pas… je n’ai pris qu’un billet… aller… " avoue-t-il avec une moue, en relevant ses sourcils. -" Quoi !" Ally est hors d’elle " Mais qu’est ce que tu imagines Larry ? Monsieur Paul disparaît, ne donne aucune nouvelle et revient comme cela…" Les bras croisés, le menton relevé, un air moqueur au coin des yeux, Larry l'observe s’emporter. Décidément elle n'a pas changé, il l'a toujours trouvée si mignonne quand elle est en colère. -"…mais le temps a passé, j’ai tourné la page, j'ai ma propre vie… je… sors même avec quelqu'un !" ajoute-t-elle en bégayant d'énervement. -" Ah bon !" Larry enfile ses lunettes et regarde autour de lui, ironique, " Où est-il donc ? Tu me le présentes ???" Furieuse, elle se met à marcher, il la suit. Elle marche rapidement, Larry derrière elle. Elle s’arrête d'un coup. -" Tu étais à l’aéroport cette après-midi, quand tu m’as appelée ?" -" Ouais, " en penchant la tête, content de lui. -" Alors, tout ça : le bouquet, le coup de téléphone, ta petite chanson avec Vonda, c’était un complot organisé. Avec Coretta sans doute." Elle s'exprime avec excitation, en agitant l’index. Il fronce le nez et balance la tête en riant, " Chère Coretta, elle m’a été si précieuse, elle m’a… " -" La traîtresse, oui." -" Ally, elle m’a tant aidé, je ne sais pas ce que je serais devenu sans elle. " -" Une espionne, oui. Elle se disait mon amie. Alors qu’elle m’espionnait et te racontait tout. La traîtresse." La moquerie acide d’Ally est tombée et sa voix devient soudain triste. -" Et moi je ne savais rien de toi. Je suis restée sans nouvelle tout ce temps Larry. Ce n’est pas à Coretta qu’il fallait t’adresser, c’était à moi. Pas une seule fois, tu ne m’as appelé, pourquoi ?" Il a baissé la tête, gêné et regarde par terre. -" Je ne pouvais pas. " Ils sont arrivés au pied des marches. -" Alors, c'est ta nouvelle maison ?" Il examine la façade. Elle fait oui de la tête. Il siffle entre ses dents : " Hum, hum, pas mal… " -" Tu as disparu et puis plus rien. Tu m’a fait mal, Larry, très mal. J’ai dû me battre pour m’en sortir. Tu vois, j'ai reconstruit quelque chose. Comme un nouveau départ. Tu supposes que tu as le droit de tout déranger. Pourquoi es-tu revenu ?" Elle a prononcé ces mots la voix pleine d'émotion, subitement tellement fragile. Il a relevé les yeux et la fixe par-dessus ses lunettes, avec sérieux. -" Pour toi." Elle soupire longuement, monte les marches. -" Je suis revenu pour toi, Ally, " répète-t-il, plus fort, en enlevant ses lunettes. Elle cherche ses clefs, son agitation est telle qu’elle a du mal à rentrer la clef dans la serrure. Larry est resté au bas des marches. Elle lui tourne le dos. Il prend une profonde respiration et déclare presque solennellement, avec ce clignement de l'œil si caractéristique de son émotion et de sa gravité : -" Je vous aime Ally Mac Beal… et cette fois je ne renoncerai pas. " Ally s’est crispée sous la force qu'elle a perçue dans sa voix. Elle ouvre la porte, rentre chez elle sans se retourner. Larry reste devant la porte fermée, murmure " bon anniversaire" et s’en va. Le lendemain Ally débarque grognon au cabinet. Pour éviter les questions et commentaires, elle fonce droit vers son bureau sans remarquer Elaine qui lui fait des signes pour la prévenir. Avant qu’elle ait compris, elle entre et découvre Larry installé dans son fauteuil. -" Belles fleurs, " apprécie-t-il en désignant son bouquet. Ally reste sur le pas de la porte " Que fais-tu ici ?" -" Nous avons à parler." -" Je n'ai rien à te dire Larry, sors, " affirme-t-elle, d’une voix lasse en montrant le palier. Le cabinet entier s’est arrêté pour ne rien perdre du spectacle qui s’annonce... -" Sors, va t’en, " répète-t-elle, plus fort. -" Je ne partirai pas, Ally. Je ne quitterai pas cette pièce sans que nous ayons parlé, ensemble, " insiste-t-il d'un ton déterminé. -" Bon, " rugit-elle, " et bien, c’est moi qui m'en vais, " et elle lui tourne le dos. En deux enjambés, Larry l’a rejointe et lui saisit fermement le bras. -" Noooon, tu ne pars pas, " et il la rejette sèchement à l’intérieur.
Tous les employés assistent ébahis et alléchés à la scène. Larry a fermé la porte derrière Ally, mais dans le même mouvement la réouvre et braque vers tous un doigt menaçant : -" Et vous, vous avez intérêt à retourner travailler et à vous occuper de vos affaires ! Au boulot !" Devant le regard allumé de Larry, chacun fait mine de revenir à ses occupations et sursaute quand il claque la porte avec fracas. Il retourne s'installer bien à l'aise dans le fauteuil. Ally est restée au milieu de la pièce, immobile, sidérée de la violence inattendue de Larry. Elle ne parvient qu'à bredouiller pointant un doigt vers lui : -" Mais, c’est mon fauteuil ! " Il se lève et, avec une révérence, lui rend son siège " Madame. " Elle s'est assise et l'observe. Hier, tellement sous le choc de sa réapparition, elle n'a pas réellement fait attention à lui. Ce matin, c'est comme si elle le revoyait pour la première fois. Il marche de long en large, les poings enfoncés dans ses poches, les manches de chemise retroussées sur ses bras, la cravate dénouée. Il marche, la tête penchée, le menton relevé, ses cheveux en bataille. Il est là, si présent, si semblable au souvenir qu'elle a de lui. Elle ne peut contrôler le trouble que la présence physique de Larry fait naître en elle. Elle perçoit des picotements lui venir sous la peau. Mon dieu, a-t-elle déjà vu un homme plus séduisant que Larry Paul. Un homme plus craquant que Larry Paul. La salive lui monte à la bouche. Un homme plus… plus… Un léger sourire naît aux coins de ses lèvres. Tout d'un coup, elle se ressaisit et interrompt sa rêverie : "Non, non, Ally, reviens sur terre, cet homme t'a brisé le cœur." Elle reprend le contrôle de ses esprit et lance : -" Alors de quoi parlons nous Larry, d’un homme qui quitte une femme parce qu’un serveur s’est trompé de gâteau !!! D’un homme, qui croit tellement en son amour qu’il le brise pour une stupide méprise !!!" Larry s’est arrêté de marcher, étonné. Il découvre qu'Ally connaît la vérité. -" Comment sais-tu cela ?" -" Je le sais, mais ce n’est pas toi qui me l’as appris. Il m’a fallu un an pour savoir la vérité et ce n’est pas toi qui me l’as dite. Que penser d’un homme qui veut vous demander en mariage un jour et vous quitte le lendemain à cause de soi-disant mauvais présages !" ajoute-t-elle levant les yeux au ciel, moqueuse, son index ponctuant chacun de ses mots. -" Ooh, ooh Ally, " réplique Larry en se plaçant devant le bureau, " n'oublie pas que c'est TOI qui as rompu la première …" -" Et toi, tu n'as rien trouvé de mieux que de partir…," coupe Ally, excédée, "… fuir. Tu aurais pu t'expliquer, non ?" Larry tape sur le bureau de sa main, " M'aurais-tu compris ? Non ! Tu préférais me couvrir de glace et de crème, parce que je mangeais avec Helena !!! C'était plus facile de rompre, plutôt que de m'écouter, n'est-ce pas ?" Elle s'est levée. Ils se font face de chaque côté du bureau, dressés l'un contre l'autre. -" Mais je ne savais rien de tout cela, si tu m'avais raconté la vérité..." -" Etais-tu prête à m'entendre ?" -" Tu n'as même pas essayé !" -" C'est faux, mais c'était trop tard, je n'y croyais plus. " Le ton est rapidement monté entre eux et ils crient de plus en plus fort.
Richard sort de l'ascenseur et s'arrête, surpris de ces éclats de voix. Du menton, il interroge Elaine, qui grimace, " Ally et Larry " en désignant le bureau. Richard hoche la tête : " Prévenez-moi au premier coup de feu…"
-" À mon avis, Larry tes projets n'étaient pas très sérieux pour que tu y renonces si facilement à cause d'un serveur ou de mauvais pressentiments." -" Arrête avec ça ! Tu sais très bien que ce n'est pas cette histoire de gâteau qui a tout gâché. C'est le fait que tu ne me fasses pas confiance. C'est qu'il suffisait que tu me surprennes avec Helena pour tout remettre en cause. Au lieu d'essayer de comprendre, tu m'as jeté …" Il s'est remis à marcher. -" Tu oublies votre petit jeu avec la crème fraîche ! J'étais supposée trouver cela très drôle, sans doute !" Il hausse les épaules, " pfuitt, " et continue sans même relever. " Je ne maîtrisais plus rien. J'avais le sentiment de tout rater : ma demande, ce déjeuner. J'ai vu cela comme un signe de ma propre nullité, c'était peut-être stupide, je l'admets. J'avais échoué à te faire croire en notre amour, je me suis senti incapable de réussir notre relation malgré l'amour que je te portais." -" Si tu m'avais tellement aimé, tu aurais essayé de t'expliquer. Au lieu de cela, tu es venu, ici, énumérer tes échecs et tes angoisses. En tout cas, tu t'es bien mal défendu." -" Je n'étais plus moi-même. J'ai été pris dans un engrenage, Ally, tout s'effondrait. J'ai pensé que je ne pouvais pas m'engager avec quelqu'un qui avait si peu confiance en moi. C'est cela qui m'a fait reculer et perdre toute assurance. Je me suis mis à douter de tout, de moi en premier. " Elle s'est assise, touchée par ces dernières paroles. -" Tu ne m'as même pas dit au revoir !" Il soupire tout bas : " Je te l'ai écrit." À ces mots, la colère d'Ally est tombée. Elle mord ses lèvres et avoue, confuse : " Je n'ai jamais lu cette lettre…" Il a froncé les yeux, s'est assis lentement " Tu ne l'as pas lu ?" -" Non, je savais ce qu'elle signifiait, je n'ai pas eu le courage." Ils se taisent, plongés dans ce souvenir si douloureux pour l'un et pour l'autre : ces mots qu'il a écrits dans un état second, qu'elle n'a pas voulu lire et qui scellaient leur rupture. Il passe sa main dans ses cheveux, incline la tête. -" OUI, j'ai eu peur. Oui, je suis parti. C'est vrai. Je ne contrôlais plus rien, tout m'échappait. Je voulais te demander en mariage et ça ratait, je voulais que tu me fasses confiance et j'échouais. Comme si tout ce que je touchais, je le détruisais. Je me sentais si misérable, j'étais dépassé... Je voyais tout en noir…." Il s'arrête, s'appuie contre le dossier du fauteuil pour reprendre son souffle, la dévisage. tellement intransigeante, Ally. J'ai pensé que tu n'accepterais jamais mon passé, que tu aurais toujours peur. Je ne voulais pas passer ma vie à justifier ce passé et à devoir te convaincre de ma sincérité. J'étais fatigué d'avoir à te rassurer encore et encore. Je n'ai pas supporté l'idée que tu ne crois pas en moi. C'était cela mon pire échec. Si j'ai tant douté de moi, c'est aussi parce que TU doutais de moi.... " Il conclut d'une voix voilée : -" Ne crois-tu pas que tu as, aussi, ta part dans tout cela, Ally ?" Ally est frappée par l'honnêteté et la sincérité dont il vient de faire preuve. La franchise avec laquelle il s'est livré à elle la met mal à l'aise. Elle tourne une mèche de cheveux entre ses doigts. Lui se sent complètement épuisé, vidé. Il se tait, enlève ses lunettes et les essuie soigneusement avec sa cravate. Combien de fois l'a-t-elle revu faire ce geste dans ses rêves? Elle ne peut s'empêcher d'être attendrie de retrouver cette manie qu'elle connaît si bien. -" Tu as peut-être raison Larry, nous n'avons pas su nous faire confiance, mais, c'est du passé. Je ne veux plus revenir sur le passé. Je veux penser à l'avenir." -" Moi aussi, c'est pour cela que je suis là." -" Larry ne revenons pas là-dessus. Sais-tu ce que ça m'a fait de te voir hier ? Pourquoi réouvrir ces blessures. Ton départ m'a détruite. J'ai mis des mois à m'en consoler, à m'en remettre. Et tu débarques en me disant que tu m'aimes. Mais Larry, comment crois-tu que ce soit si simple ? Qu'est ce qui te fait croire que je veuille encore de toi ? Tu es là comme si rien ne s'était passé." -" C'est faux ! Je suis le premier à savoir ce qui s'est passé. J'ai mes torts, je les connais. Pardonnes-moi d'être parti comme je l'ai fait. Je suis sincère Ally. Pardonnes-moi." Il a baissé les yeux, se frotte le front avec sa main. Elle a du mal à respirer. Elle voudrait lui dire qu'elle lui pardonne, mais elle n'y parvient pas. Elle reste figée derrière son bureau. -" Et en un an, il ne t'est jamais venu à l'idée d'appeler, de donner signe de vie. Un an Larry, je suis restée un an sans nouvelles de toi !" -" Oh si, combien de fois, j'ai fait ton numéro, combien de lettres, je t'ai écrite. Mais je n'ai pas osé… j'avais honte sans doute et… peur de ta réaction après le chagrin que je t'avais causé …" Il hausse un sourcil. " Toi non plus d'ailleurs tu n'as rien tenté, toi non plus tu n'as pas cherché à me joindre… tu vois… " -" Moi aussi… combien de fois, il m'est arrivée d'attendre devant mon téléphone…, " admet-elle songeuse, "… mais tu m'avais quittée. Je ne me sentais pas la force de t'affronter. " Elle ressent de la fatigue, se tait un moment en fixant ses mains posées sur le bureau, prend sa respiration et s'adresse à lui, calmement : -" Pourquoi reviens-tu tout d'un coup ? Hier soir tu m'as dit que tu revenais pour moi, que tu m'aimais. Mais MOI ? Te demandes-tu ce que je ressens ? J'ai tellement souffert Larry. Je ne veux plus souffrir. Je crois qu'il est trop tard pour nous. Laisse-moi tranquille." -" Tu veux être TRANQUILLE ? Mais Ally ça n'a pas de sens !" -" Que si. Il a bien fallu que je m'en sorte. Ma vie a changé. J'ai changé. Je ne veux pas tout remettre en cause parce que tu ressurgis comme cela. Depuis que Maddie est là tout est différent. J'ai quelqu'un dont j'ai à prendre soin maintenant." Elle s'arrête une seconde, " Tu te souviens, un jour tu m'as dit que, lorsque j'aurais un enfant, je serais sidérée par ma capacité de l'aimer. J'y ai souvent repensé. Comme tu avais raison. " Il hausse les sourcils. -" Alors comme cela tu te souviens de ce que je t'ai dit ?" insinue-t-il, ironique. -" Oh, je t'en prie… " Elle poursuit. " Je connais cela maintenant. Maddie a besoin de moi et moi d'elle. Elle est ma seule priorité." -" Où est-elle ?" demande-t-il avec intérêt. -" Avec sa tante, pour quelque temps, elle reviendra pour les vacances. J'ai besoin de calme et d'équilibre pour elle. Ma vie maintenant, c'est elle." Elle s'arrête et puis lâche : -" Tu ne fais plus partie de ma vie, de cette vie-là, Larry. C'est trop tard. " Les épaules de Larry se sont affaissées, comme s'il entendait sa condamnation. Il cache sa bouche dans sa main et ferme les yeux. Il se refuse d'admettre ce que vient d'affirmer Ally.
Dehors, Coretta vient aux nouvelles et demande à Elaine : -" Encore là tous les deux ? ça semble s'être calmé." Elaine fait un signe de la tête en direction de la porte et juste à ce moment, les éclats de voix reprennent. Elaine et Coretta lèvent les yeux et tendent l'oreille discrètement.
-" Allons, Ally, c'est stupide ! Il n'est pas question de retirer quoi que ce soit à Maddie ! Elle est ta fille, personne ne veut rivaliser avec elle. Mais ta vie, ce n'est pas uniquement cela. Je te parle de toi, de ce qu'il y a dans ton cœur. Peux-tu m'affirmer que tu ne m'aimes plus." Elle ne répond rien, incapable de parler. -" Tu vois !!! Tu m'accuses de fuir. Mais toi aussi, tu fuis tes sentiments. Tu te caches derrière des prétextes pour ne pas reconnaître que tu m'aimes encore." L'insistance de Larry exaspère Ally. -" Monsieur se croit irrésistible, sans doute ! Tu crois qu'une femme ne peut cesser de t'aimer ! Quel sale prétentieux !" -" C'est faux. Je te parle de TOI et de NOUS !" Le ton est de nouveau monté entre eux. " Tu vois, tu ne veux pas répondre." -" Larry ce que tu fais n'est pas correct. De quel droit veux-tu me pousser à bout, veux-tu m'obliger à dire ce que TU veux entendre !" Elle se sent piégée par la lucidité de Larry. Cette manière qu'il a de, toujours, si bien la deviner et la connaître. Elle repousse ses cheveux, réfléchit un instant, passe sa langue sur ses lèvres. -" Je t'ai tant aimé et peut-être même que je t'aime encore. OK, c'est cela que tu veux savoir. Mais je ne suis pas sure que ce soit ce que je veux dans ma vie, maintenant." -" Quoi !!!" -" J'ai trop souffert, quand tu es parti, j'ai été brisée, tu entends, brisée. J'ai retrouvé une paix. J'ai bâti quelque chose de différent, mais qui me satisfait. J'ai Maddie, j'ai même… quelqu'un qui… m'apporte… quelque chose. " Il a plissé les yeux en devinant son hésitation. -" Parlons-en ! C'est qui pour toi, ce type ? Ton petit ami ? Vous couchez ensemble ?" Il l'épie du coin de l'œil. -" Mais… mais ! " Elle est scandalisée. " Ce n'est pas ton affaire. Qui te crois-tu pour me poser ces questions ?" -" Pourquoi ? C'est si difficile à répondre ?" Il a relevé le menton, guette sa réaction, et attend sa réponse. Elle déteste cette façon qu'il a de la pousser dans ses retranchements et cette manière pénétrante de la regarder qui la déstabilise. Ce n'est plus Larry qu'elle a devant elle, mais Larry Paul, l'avocat si habile à faire craquer les témoins quand il les interroge. Elle ressent ce qu'ils doivent éprouver face à lui, si sûr de son talent à amener les gens exactement où il le veut. Elle s'éclaircit la gorge, gratte son sourcil et lance d'une voix qu'elle voudrait calme : -" D'accord ! Ce n'est peut-être pas l'amour de ma vie. Mais parlons en du GRAND AMOUR ! Billy, Dieu ait son âme, en avait épousé une autre et sa mort m'a laissé inconsolable. Quant à toi, tu as fui en me brisant le cœur. Le grand amour m'a détruite et ne m'a laissé que du malheur. Victor a été là quand j'en avais besoin. J'ai rencontré un homme solide qui m'aide et me soutient. Il m'a apporté un peu de paix et de réconfort. Ce n'est pas rien. Je ne sais pas comment j'y serais arrivée sans lui. Il est rassurant, il est gentil... " -" Il est GENTIL !!! Super ! Je n'en crois pas mes oreilles, Ally. Tu es avec un homme parce qu'il est GENTIL !!!" Il secoue la tête de droite à gauche et roule des yeux effarés. -" Je ne veux plus d'un amour qui me fasse souffrir. Cette relation me satisfait ! C'est peut-être cela dont j'ai besoin, une relation stable et sûre, basée sur autre chose que la passion." En disant cela, elle se demande si elle est tout à fait sincère ou si son but n'est pas simplement de le choquer, de le heurter. Comme dans un duel où tous les coups seraient permis. Les explications d'Ally le rendent furieux. -" Mais qu'est ce que c'est que ces âneries ! Tu m'accuses d'être lâche, Ally, mais regardes-toi ! Tu as tellement peur de t'impliquer que tu te réfugies dans ton petit confort !" Dans son exaspération, il s'est levé et frappe du poing sur la table en martelant ses mots. " Tu te moques de moi ! Tu vas passer ta vie avec ce type parce qu'il est GENTIL !!!" Ally est entraînée dans cette colère et lui répond sur le même ton, en tapant elle aussi sur son bureau : -" Et qui te dit que je vais passer ma vie avec lui ? Qui te parle de vivre avec lui ? Il n'est pas question de cela ! Il y a autre chose dans l'existence que de tout attendre d'un homme. J'ai dépassé ce stade, maintenant. " Larry a sursauté. -" Oh, mon dieu ! Ça, c'est le meilleur !" Il prend sa tête entre ses mains et crie de plus en plus fort. " Tu me la joues "femme seule et fière de l'être" maintenant ! Epargnes-moi ces clichés de magazines, s'il te plait ! Alors tu crois vraiment que tu peux passer ta vie sans amour !!! Non, mais c'est du délire. Je ne te reconnais plus, Ally Mac Beal !" -" J'ai évolué, j'ai mûri Larry. J'ai l'amour de ma fille maintenant. Tout ne tourne pas autour de vous messieurs !" Elle se sent perdue, incapable de savoir si elle pense vraiment ce qu'elle dit, comme si elle affirmait tout cela pour se débarrasser de la pression qu'il met sur elle, pour échapper à cette scène entre eux. Il est face à elle, de l'autre côté du bureau, tendu, sa main soulignant chacun de ses mots. -" Aaaaah ! C'est cela que tu appelles mûrir ! Vivre seule, élever seule ta fille, est-ce la vie que tu souhaites pour Maddie, pour toi ? Qui cherches-tu à tromper avec ce discours débile ? Je ne crois pas un mot de toutes ces conneries !" Elle est au bord des larmes, submergée par l'agressivité de Larry et par son propre désarroi. Elle n'est pas certaine que ses larmes proviennent uniquement de la colère de Larry mais, aussi, sans doute de la totale confusion dans laquelle elle est plongée. -" C'est dégeulasse ce que tu fais !" Elle se sent craquer. " Tu n'as pas le droit de me parler comme ça, tu vas trop loin. Tu es cruel…, " sa voix se brise, "… je te déteste." Elle fait pivoter son fauteuil vers la fenêtre pour ne pas qu'il aperçoive qu'elle est sur le point de pleurer. Il s'est arrêté d'un coup, furieux contre lui, conscient de s'être laissé emporter et d'avoir dépassé les bornes. Il enlève ses lunettes, les jette en travers du bureau, jure, " mais quel con !" et reconnaît : " Je suis désolé, je n'aurai pas dû." Il fait le tour du bureau et vient devant elle, appuie ses mains sur les accoudoirs du fauteuil et répète : " J'ai eu tort de te parler comme cela Ally, je le regrette." Il surprend une larme qui coule sur sa joue et s'en veut de l'avoir blessée. À cet instant, elle réalise qu'ils sont revenus exactement dans la même position que le soir où Larry l'a embrassé pour la première fois après le procès de Kimmy. Ils ont retrouvé la même attitude que lors de leur premier baiser : elle dans le fauteuil, lui penché vers elle. Lui ne voit que ses larmes et du bout de son doigt effleure la main d'Ally pour se faire pardonner. " Je suis désolé, Ally." Il caresse de nouveau sa main, laisse tomber sa tête et se relève. Elle essuie ses larmes discrètement d'un revers de main. Il s'est planté face à la fenêtre, lui tournant le dos. -" Pourquoi nous déchirons-nous ? C'est stupide. Pardonnes-moi de te faire du mal, tu es pourtant la dernière que je voudrais faire souffrir." Il reste silencieux un moment à regarder dehors. -" Ally, tu crois que je n’ai pas souffert, moi aussi ? J'avais perdu la femme de ma vie, vu s’effondrer tous mes projets et tu crois que je n’ai pas souffert ! Si je n'avais pas eu Sam à m'occuper, je serais devenu fou ! Cette année a été un enfer, tu entends, un enfer. C'est pour cela que je suis revenu, parce que je n'en pouvais plus, parce que j'en aurai crevé." Sa voix s'est cassée, rauque d'émotion. Elle voit son dos qui s'affaisse. Ils sont là tous les deux, comme deux boxeurs après le combat. Dépouillés de leurs cuirasses, de leur orgueil, sans défenses, à égalité dans leur détresse, réunis dans la même sincérité, le même abandon, au plus vrai d'eux-mêmes. Elle a envie de lui montrer qu'elle a compris, qu'elle partage, qu'elle pardonne. Elle a envie de faire la paix, enfin. Elle se lève, fait un pas vers lui et pose sa main sur son épaule. Ils restent un instant comme cela, puis il laisse aller sa joue sur sa main. Elle retire doucement sa main. Ils sont face à face près de la fenêtre et se dévisagent, émus. Muets. C'est Larry qui brise ce silence : -" Au fait, j’ai eu Sam au téléphone, il te dit bonjour." Ally sourit, " Comment va-t-il ?" soulagée d'avoir un autre sujet de conversation. -" Oh, il va bien. C'est un garçon merveilleux. Il a beaucoup grandi. Nous avons vécu la plupart du temps ensemble. Nous avons fait beaucoup de choses tous deux, c'était bien d'être simplement un père avec son fils. " -" Tant mieux. Tu ne vas pas lui manquer ?" s'inquiête-t-elle. -" Il a bien compris. On en a parlé tous les deux, il m'a même poussé à venir ! Peux-être va-t-il s'installer avec moi. Sa mère et moi sommes d'accord pour partager la garde, " ajoute Larry, joyeux. -" Je suis contente pour toi, et …. Jamie ?" glisse-t-elle curieuse. Larry sourit. " Elle va bien. Figures-toi qu'elle sort avec un type sympa. Elle semble heureuse, enfin !" Ally penche la tête, s'arrête et l'interroge, un doigt posé sur sa lèvre :" Et toi… à… Détroit, tu… ???" Il a compris le sens de la question et fronce le nez, amusé. - " Non. Tu sais, j'avais Sam à m'occuper, des affaires à régler. Et puis je n'avais pas la tête à cela. J'étais tellement mal, j'avais un tel sentiment de gâchis et cette blessure de t'avoir perdu…" Il hésite, grimace. -" Pour être franc, j'ai essayé une fois. Une vraie catastrophe. J'ai passé la soirée à me demander ce que je faisais là, avec la sensation de me regarder moi-même avec cette fille. C'était affreux ! Pauvre fille ! Je l'ai planté devant chez elle, j'étais tellement soulagé que ce soit fini !" Elle plaisante, " Quel goujat ! La pauvre !" Ils en rient doucement tous les deux. Ils sont près de la fenêtre, la tension est tombée et elle lui raconte les évènements de cette année : l'histoire de Maddie, les aveux de John et tout ce qui s'est passé au cabinet. Il l'écoute attentivement, appuyé contre la vitre, les bras repliés sur sa poitrine. Elle a fini de parler. Ils sont face à face, détendus, tellement proches l’un de l’autre. Tout d'un coup, ils prennent conscience de cette proximité et s'en trouvent embarrassés. Il a remarqué le trouble qui les gagne et résiste contre l'envie de franchir cet espace entre eux. Il suffirait d'un rien, la tentation est si grande Elle a plongé ses yeux dans les siens. Elle sent ses genoux fléchir, son cœur s'affoler. Ils ont presque peur de leur émotion, du vertige qui les saisit. Elle baisse les yeux et tourne son regard vers la fenêtre. Il l'épie un instant puis se hausse sur la pointe des pieds, pose un baiser sur son… front… et s'éloigne d'elle. Ils baissent la tête, complices. Ils ont repris leurs esprits, retrouvé une attitude presque normale. -" Tu as sans doute du travail, je vais te laisser." Il enfile sa veste. -" Oui je vais travailler, " répond-elle alors qu'il traverse le bureau. Elle demande : "Tu comptes vraiment t'installer ici ? " -" Oui. Je vais chercher un endroit où poser ma plaque. Tu sais celle où est écrit "Avocat ", ajoute-t-il, blagueur. -" Bien sûr… je me rappelle." Elle ricane. " Où habites-tu à Boston ?" Larry a relevé un œil, hésite un peu et lâche dans une grimace : " Je suis… chez… Helena…" Elle rugit, stupéfaite et contrariée : " Chez Helena ! Mais que fais-tu chez elle ?" Il ne peut s'empêcher de profiter de sa réaction pour souligner, narquois : -" Pourquoi ? Ça te dérange ? Mais, ma chère, je pensais que tu t'en fichais… " Elle a attrapé un crayon dans le pot devant elle et le lance en travers de la pièce. Il l'esquive en se protégeant le visage de son bras et précise, moqueur : " Mais dans la chambre d'amis, Ally, dans la chambre d'amis…" De la main, elle lui fait signe de partir : " Vas-t-en, vas-t-en. " Il sort, souriant à demi. Elle s'asseoit, prend son visage dans ses mains et s'effondre sur le bureau, épuisée. Elle est arrivée sur le chantier où travaille Victor. -" Bonjour, " bredouille-t-elle, gênée. Il continue de travailler, sans se retourner vers elle. Elle tousse, s'éclaircit la voix. -" Victor ! Je suis là." -" Salut, " répond-il d'une voix neutre, absorbé dans sa tâche. -" Victor, …Larry…Larry est à Boston." -" Je sais. " -" Tu sais ? Comment le sais-tu ?" -" Je vous ai vu." Ally a baissé la tête, confuse. " Hier soir, je suis passé au bar et je l'ai vu. Pas difficile de savoir que c'était lui. Il suffisait de voir ta tête." Il s'arrête, pose ses outils. " Il chante bien ce type." Elle s'est plantée au milieu de la pièce sans savoir quoi dire à Victor. -" J'imagine qu'il n'a pas fait tout ça simplement pour une petite chanson, non ?" demande-t-il, tout en se frottant les mains sur son pantalon et en se tournant enfin vers elle. -" Je ne savais pas qu'il allait venir, tu sais, " répond-elle, embarrassée. -" Alors ?" -" Je suis venu pour discuter avec toi." -" Discuter…???" Il fait la moue. " À mon avis, la question n'est pas de savoir ce que tu vas faire, Ally, mais… quand tu vas le faire… " Elle est choquée, comme s'il lui lançait au visage une vérité qu'elle s'interdit d'envisager. -" C'est tout ce que tu as à dire, Victor !" -" Quoi ? Tu n'imagines pas que je vais aller lui casser la figure, tout de même !" plaisante-t-il, un peu acide. -" Ce n'est pas drôle. Pourquoi supposes-tu que je vais revenir avec Larry, comme cela !" Il la dévisage, sceptique. -" Mais parce que tu l'aimes, Ally ! Je t'ai vue hier soir. J'ai vu comme tu le regardais." -" Et alors ? J'étais surprise, c'est tout, " essaye-t-elle d'expliquer, maladroitement. -" Ooooh, soit sincère Ally. M'as-tu regardé un quart de seconde, avec les yeux que tu avais pour lui ? J'avais espéré que tu arriverais à l'oublier, visiblement je n'ai pas réussi… Il suffit de vous voir tous les deux pour comprendre…" Elle lui coupe la parole, énervée : -" Comprendre quoi ?" - " Tu te moques de moi, Ally ? Ce qu'il y a entre cet homme et toi est tellement évident." Le calme de Victor l'étonne et l'exaspère. -" Mais cet homme m'a laissé, cet homme m'a fait souffrir. Et nous alors ? Ça ne compte pas plus que ça pour toi ? Toi, tu as été là, tu m'as aidée, entourée, soutenue. Tu m'as apportée de la paix, de la tendresse. Victor, c'est très important pour moi. Je croyais que ça l'était pour toi aussi… " Il hausse les épaules. -" Ça l'est Ally. C'est vrai, nous avons eu de bons moments tous les deux…" Elle l'interrompt, choquée : " Quoi ? J'ai bien entendu ! Tu réduis notre relation à des " bons moments " !!! C'est tout ce que cela a été pour toi !" Il lui fait face, en essayant de contenir son exaspération. -" Mais dis donc, n'oublies pas que c'est toujours toi qui a freiné les choses entre nous… C'est toi qui ne voulais pas aller plus loin. " Il s'arrête un moment et poursuit : -" Tu veux vraiment savoir ce que je ressens ? D'accord. Je suis FATIGUÉ de Larry Paul, FATIGUÉ de l'avoir toujours eu entre nous ! J'en ai marre de ce type. Compris. Alors, tu vois, je suis presque soulagé qu'il soit là, qu'il soit bien là. Tu vas enfin être obligée de savoir ce que TU veux, maintenant !" Elle ouvre la bouche, se dandine d'un pied sur l'autre. -" Ce qui signifie ?" insiste-t-elle, exaspérée. - " À ton avis ?" Il la regarde un instant et se remet à travailler. Elle est désorientée par son attitude, l'observe, plongé dans son travail, s'impatiente. -" Je ne comprends pas ta réaction, Victor. Comment peux-tu être si calme, si détaché. On dirait que ça ne te fait rien. " Il a lâché son outil, s'avance devant elle, les mains sur les hanches -" Ah NON ! Ne renverses pas les rôles. TU es celle qui est amoureuse d'un autre. " -" Je ne suis pas amouureeuu… " Elle ne parvient pas à terminer sa phrase, sa voix s'est éteinte quand elle a prononcé ces mots, elle se mord les lèvres, honteuse et triste. Il l'examine de la tête aux pieds et laisse tomber : -" Tu es pitoyable, ma pauvre… " tout en reprenant son travail. La bouche d'Ally tremble, elle passe sa main sur son front, reste un instant à regarder Victor qui lui tourne le dos et désolée, s'en va. Le lendemain matin, Elaine frappe à la porte d’Ally, embarrassée : -" Ally, il y a une lettre pour vous." Ally pousse un cri : " Quoi, Larry a déposé une lettre !!!" -" Mais non pas Larry, Victor, " précise Elaine avec un petit air mélancolique, " vous voulez la lire, cette fois ?" -" Victor…, " répète Ally, soudain mal à l’aise, " oui, donnez -la-moi. " Elle prend la lettre, la tourne dans ses mains pendant qu’Elaine sort, rejette la tête en arrière, soupire, l’ouvre et la lit.
Ally a besoin de se confier à celui qui demeure son véritable ami. Elle frappe à la porte du bureau de John : " Toc, toc, je peux te parler ?" Sans même attendre sa réponse, elle s'assied, face à lui, triste. -" Il m’a envoyé une lettre." -" Larry ???"Elle hausse les épaules, " Non, Victor. " -" Aah, " fait-il ennuyé. Il pose ses coudes sur son bureau, les mains jointes sous son nez. -" Il dit que quand il nous a vu, Larry et moi, il a compris ce qui se passait entre nous. Il dit qu’il ne peut pas lutter… contre…" Elle a du mal à s'exprimer, sa gorge est sèche. -" Quel homme perspicace, " soupire John, pensif. " Nous savions tous que nous ne pouvions pas lutter…" En l'entendant prononcer ce " nous " Ally réalise que John parle aussi pour lui. Elle se sent désolée de faire souffrir ces hommes qui l’aiment sincèrement. -"…nous savions tous, Ally, que nous n’avions aucune chance contre lui. Aucun d’entre nous. Tous les hommes qui se sont approchés de toi savaient… qu’il lui suffirait de revenir… " John grimace, hoche la tête, se tait et ajoute avec amertume : -" D’ailleurs Larry Paul gagne toujours, n'est ce pas ? Au tribunal, …avec toi. " Il soupire. Ally, émue par cette dernière phrase, ne sait comment répondre à la peine de John. -" Mais, je n'ai jamais voulu vous blesser, ni Victor, …ni… toi, " assure-t-elle la voix voilée. Elle lui sourit timidement. " John, tout est tellement embrouillé. J'avais l'impression que c'était du passé, que j'avais reconstruit ma vie. Que va-t-il se passer maintenant ?" Il fronce les sourcils. " Que va-t-il se passer ??? Ally… soit honnête ! Il est revenu. N’est-ce pas ce que tu as espéré depuis un an, même sans le reconnaître. " -" C'est toi qui me dit cela ?" -" Justement, tu connais mes sentiments. Penses à ce que tu as toujours souhaité : trouver un homme qui t'aime. Quels que soient ses torts, et ils sont nombreux, Larry t'aime. Il a eu le courage de revenir. Cela n'a-t-il aucun sens pour toi ? Ally, agacée, s'agite sur sa chaise. -" Tu parles comme Victor. Ça me rend folle, on dirait que vous voulez tous me ramener vers lui." -" Mais parce que ceux qui t'aiment savent… " John sourit à demi, taquin " Si tu es si certaine de ne plus vouloir de lui, pourquoi es-tu tellement en colère, hein ?" - "Oh, ça, j'en suis sure. C'est fini, fini…" Elle a pris une voix assurée, mais John n'est pas un instant dupe. " Il s’en va, il revient, il remet en cause tout ce que j’ai construit. Et psitt…, " elle claque des doigts, "… je devrais tomber dans ses bras ! Ce serait trop facile !" John grogne et agite la main. -" Aarrh, Ally… Ally… Mais non, ce ne doit pas être facile pour lui ! Allons, tu ne vas pas le rejeter pour le punir d'être parti ! Ce serait idiot. Tu l'aimes, n'est-ce pas ?" La mâchoire d'Ally frémit, elle avoue dans un souffle : -" Oh, ça oui, je l'aime. Je sais que je n'aimerai jamais personne plus que Larry... " John a posé son menton sur ses mains croisées et continue attentivement. -" Je pense que s'il est revenu, c'est qu'il a réfléchi, c'est qu'il a compris que son amour pour toi était plus fort que tout. Plus fort que sa fierté ou sa crainte d'être repoussé. C'est courageux de sa part, tu sais. " -" Comment peux-tu le défendre, après ce qu'il m'a fait ?" s'offusque-t-elle. -" Bien sûr, je lui en ai voulu de t'avoir fait souffrir. Mais aujourd'hui, je le respecte d'avoir pris le risque de revenir et d'essayer. Tu ne trouves pas que tu devrais, toi aussi, mettre ta fierté de côté. Il a souffert, comme toi. Ne penses-tu pas qu'il est temps de voir ce que vous pouvez faire ensemble plutôt que de souffrir chacun de votre côté ?" Elle l'observe, décontenancée. Il lui sourit gentiment. -" Tu es un homme merveilleux, John, merveilleux, " conclut-elle en hochant la tête. Dans la soirée Larry a reposé le téléphone, il a l’air ennuyé. Il reste debout un instant, retire ses lunettes, commence à les nettoyer avec sa cravate, réfléchit, s’asseoit dans un fauteuil, et décroche le téléphone qui sonne chez Ally, seule sur son canapé dans la pénombre. -" C’est moi… " un peu embarrassé, " j'ai appris pour… ça va ? " -" Victor a rompu. Oh Larry, il m'a quitté." Elle se met à lui parler, même si sa voix tremble et qu'elle est au bord des larmes. Elle lui parle, à lui, parce qu’elle connaît toute la disponibilité, la compréhension dont il a toujours été capable. -" Tu sais, il a été si bon avec moi. Il a été là quand j'avais besoin d'aide. Il a été présent, il m'a soutenu dans les moments difficiles. Nous étions bien ensemble. Et il pense que je n'ai plus besoin de lui, maintenant. " Larry se tait. Il sait qu’il doit la laisser se confier, qu’il n’a rien à dire. Il a reposé sa tête contre le dossier du fauteuil, le regard immobile. Il l’écoute, attentif, concerné. Il voudrait courir la retrouver, la prendre dans ses bras, la bercer simplement, mais il sait qu’il est le dernier à devoir le faire. -" Larry, pourquoi tous les hommes me quittent-ils toujours ? Pourquoi ? Qu'est ce que je leur fais ? Pourquoi je ne peux jamais garder un homme ?" Il voudrait lui répondre qu'il l'aime et qu'il ne la quittera pas. Que ce temps est fini. -" Ne dis pas cela, Ally, ce n'est pas de ta faute. Les hommes ne sont pas très malins, tu sais. Quelquefois, ils font des choses…, crois-moi. Mais tu n'es pas en cau
Commentaire de Sat (29/01/2008 02:06) :
Please cite la source, c'est cruel d'arrêter là !!! ^^
Je suis en panique sur le net pour trouver la suite alors que je devrais
être couchée depuis au moins deux heures !!! ^^
je sens que demain le cours de civi je peux lui dire adieu
http://robertdowneyjr.frenchboard.com/index.htm
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Commentaire de Sat (29/01/2008 12:10) :
c'est bon j'ai retrouvé hier soir et j'ai déjà englouti la
fin, disant bien sûr aurevoir à mon cours de ce matin lol
la nfiction est postée à cette adresse :
http://www.geocities.com/allylarry/happybirthday1.html
http://robertdowneyjr.frenchboard.com/index.htm
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Commentaire de Bla (20/07/2010 14:19) :
Wouah ce scénario est tellement bien écrit et on arrivé vraiment a
s'imaginer la chose ! D'ailleur si vous savez ou on peut avoir la
suite parcque moi je suis en plein stresse la ^^ (l'adresse marche pas
"sat" )Alalala Larry et encore Larry x) sérieux moi c'etai ma saison
préféré la 4 enfaite c'est Larry qui a su me faire aimé cette saison
et puis cet acteur jsui complement fan de lui ^^ il interprete ses rôles a
merveilles et il chante incroyablement bien surtout celle qui ma fai craqué
"Chances are". Normalement Larry et Ally devait finir marriés mais comme
RDJ a du quitté la série ba ils ont du inventé autre chose et c'est
pour sa je pense qu'a la fin de la saison 5 elle finit célibataire
c'est pour qu'on puisse s'imaginé la suite mais surtout le
retour de Larry et je pense que 99% de ceux qui auront vu la série vous
diront qu'ALly doit finir avec Larry car pour c'est le meilleur
couple de série enfin voila ^^ mais si tu pouvait mettre la suite se serait
super et sinon super blog et vive ROBERT :)
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